Choix des noms scientifiques : entre sérieux, humour et coups bas
Vous connaissez tous la baleine à bosse ? Mais connaissez-vous son nom scientifique : Megaptera novaeangliae ?
Un peu moins simple à prononcer et à retenir, non ? Depuis le XVIIIᵉ siècle, les scientifiques donnent à chaque espèce vivante un nom latin savant. Mais derrière ces appellations parfois austères se cachent des histoires drôles, des hommages, des coups bas… et même quelques clins d’œil à la pop culture !
Comment et pourquoi donner des noms aux espèces ?
Derrière, il y a une discipline scientifique qui s’appelle la taxonomie : classer les organismes vivants dans des catégories hiérarchisées (monde vivant > domaine > règne > embranchement > classe > ordre > famille > genre > espèce) qu’on appelle taxons. Un taxon représente une boîte dans laquelle on range des individus qui ont des caractéristiques communes. Pour que ce soit bien rangé, les scientifiques doivent respecter certaines règles pour nommer leurs découvertes.
Tout commence avec Carl von Linné, naturaliste suédois du XVIIIᵉ siècle et père de la taxonomie moderne. C’est lui qui impose le système binomial : un nom de genre (avec une majuscule) + un nom d’espèce (en minuscule), le tout à écrire en italique pour être comprise par tous les savants du monde.
Le genre est un rang taxonomique qui regroupe un ensemble d’espèces ayant en commun plusieurs caractères similaires. Une espèce est caractérisée par le fait que les individus peuvent se reproduire entre eux et que leur descendance peut aussi se reproduire. Par exemple, un cheval, un âne ou un zèbre partagent des caractères similaires : ils font partie du même genre, Equus. Ils peuvent parfois se reproduire entre eux (comme le cheval et l’âne donnant le mulet), mais leur descendance n’est pas fertile : ce ne sont donc pas la même espèce.
Attention, le choix d’un nom n’est pas totalement libre! Il doit respecter des règles fixées par le Code international de nomenclature zoologique (ICZN):
-Il doit obligatoirement suivre la loi binomiale (genre + espèce).
-Le nom choisi doit être unique.
-Il est interdit de donner son propre nom à une espèce que l’on décrit soi-même.
-Le nom ne doit pas être vulgaire ni offensant, même si certains savants du passé se sont laissés aller à quelques vacheries…
La majorité du temps, les noms choisis sont descriptifs et liés aux caractéristiques ou à l’habitat de l’espèce
Certains chercheurs ont utilisé la taxonomie pour régler leurs contentieux
Les taxonomistes aiment rendre hommage à des personnalités
Bien plus que des mots latins
Ces noms ne sont pas qu’un code savant. Ils sont :
Des archives culturelles qui racontent l’époque, les querelles et les passions des chercheurs, Des ponts vers le grand public, car qui n’a pas envie de savoir pourquoi un papillon s’appelle comme Trump ou une mouche comme Beyoncé ? Parfois même un outil de conservation, car un nom marquant attire l’attention sur des espèces menacées. La nomenclature scientifique est une entreprise sérieuse, mais elle laisse une porte ouverte à l’humour, à l’hommage, et même à la revanche. Alors, la prochaine fois que vous croisez un nom latin imprononçable, dites-vous qu’il cache peut-être une belle histoire… et qui sait, un jour, peut-être qu’une espèce portera votre nom !