Le projet Genormalg tient son premier docteur

Ce Lundi 3 Novembre 2025, Justine Fouassier a été récompensée du titre de Docteure de l’Université de Bretagne Occidentale par un jury composé d’experts internationaux.
3 années résumées en 45 minutes
Ce Lundi 3 Novembre 2025, 11 mois après la fin de l’expérience Genormalg réalisée à Océanolab, Justine Fouassier s’est présentée en tant que doctorante devant un jury composé d’experts. 3h30 plus tard, au terme d’une présentation claire et riche en résultats puis d’échanges pointus avec le jury, Justine a été récompensée du titre de docteur en biologie marine de l’Université de Bretagne Occidentale. Un titre qui récompense ses trois années de thèse durant lesquelles elle a étudié l’ormeau et ses conditions de vie sur le terrain et en laboratoire. Elle a par ailleurs étudié une thématique assez novatrice qui visait à tester l’effet dit « de bioremédiation » au changement climatique (notamment l’acidification de l’océan) des macroalgues sur l’ormeau. En d’autres termes, Justine a évalué si la présence d’algues consommatrices de CO2 (la molécule responsable de l’acidification de l’océan) aux côtés de l’ormeau allait diminuer les effets du pH sur ce dernier. Bravo docteur !
Un doctorat c’est …
Titre de la thèse :
Réponses de l’ormeau européen (Haliotis tuberculata) à l’acidification et au réchauffement océanique.
Bioremédiation par les macroalgues.
La soutenance de Justine en quelques mots
C’est devant un jury international composé de sept chercheurs et de deux membres invités que Justine a soutenu le fruit de ses trois années de recherche menées au Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR).
Après avoir rappelé les grandes notions au cœur de ses travaux — le réchauffement climatique, l’acidification des océans et la biologie de l’ormeau européen — Justine a présenté sa thèse structurée en trois volets, illustrant la pluridisciplinarité de ses approches.
Dans un premier temps, elle a réalisé un suivi fin du pH et de la température dans différents habitats naturels d’ormeaux, certains couverts de macroalgues et d’autres non, afin de mieux comprendre les variations locales des conditions environnementales.
Elle a ensuite présenté une première expérimentation en laboratoire visant à évaluer les effets combinés du réchauffement et de l’acidification de l’océan sur la physiologie de l’ormeau.
Enfin, dans la troisième partie de son travail, menée au sein du dispositif Océanolab à Océanopolis, Justine s’est intéressée à l’influence des macroalgues sur la réponse des ormeaux aux changements climatiques. Un volet expérimental original mené sous le regard du public.
Soutenir son doctorat c’est…
Alors ? Alerte rouge sur les ormeaux ou pas ?
Les résultats obtenus par Justine au cours de sa thèse apportent des nouvelles plutôt rassurantes pour l’ormeau de nos côtes bretonnes. Ses travaux montrent en effet que la combinaison du réchauffement des eaux et de leur acidification, telle qu’observée dans le nord du Finistère, n’aurait pas d’effets fortement délétères sur l’espèce.
Les mesures de croissance, de reproduction et de comportement indiquent une certaine capacité de tolérance des ormeaux face aux changements environnementaux.
Cependant, un point de vigilance subsiste : la structure de la coquille semble s’affiner et devenir plus fragile dans ces conditions. Une évolution qui pourrait rendre l’ormeau plus vulnérable à la prédation. Ces observations soulèvent ainsi d’importantes questions sur les stratégies de défense de l’espèce dans un océan en mutation.
Concernant le rôle de bioremédiation que les macroalgues pourraient jouer face aux changements climatiques et en faveur de l’ormeau, les résultats sont plutôt clairs. La présence d’algues n’impacte pas la réponse à un stress, la reproduction, l’alimentation ou même la structure de la coquille. En revanche, en plein été, la présence dans l’eau de macroalgues a un effet très positif sur la croissance des ormeaux au niveau de leur coquille et des tissus. Justine a montré que les ormeaux grandissaient environ une fois et demi plus rapidement en Juillet et en Août dans ces conditions.
Ces résultats confirment que la coculture d’algues avec des coquillages calcifiants comme les ormeaux, huîtres ou moules semble être une idée vertueuse.
La suite ?
Justine a envoyé à l’éditeur d’un journal scientifique les résultats de sa première expérience sous la forme d’un article scientifique. Nous proposerons un décryptage de ce dernier lorsqu’il sera publié.
Enfin, début 2026, ce sera au tour de Ronan Le Gall, collègue thésard de Justine sur le projet Genormalg, de soutenir lui aussi sa thèse. Ses travaux porteront sur la différence d’adaptabilité des ormeaux aux changements globaux selon leur origine génétique, à savoir issues de populations d’élevage ou sauvages.
